Amnistie=Amnésie

 

Docteur honoris causa à la VUB: non à l’amnistie!
La Libre Belgique 11 mars 2020

 

Faut-il rouvrir le débat de l’amnistie?

M.-A.G. et Christian Laporte

 

 Faut-il rouvrir le débat de l’amnistie?

La Libre Belgique 14.05.2011

 

“Le courageux inintelligent va d’habitude plus loin que l’intelligent quand il est lâche.” (André Wynen)
Yves Louis est un pédiatre flamand, expert de l’Académie belge de pédiatrie et Secrétaire général de l’Absym (Association belge des syndicats médicaux). Il effectue, avec Marc Verschooris, un travail sur la mémoire.

 

Interprétez-vous la proposition sur l’amnistie comme un exercice de musculation communautaire qui n’ira pas jusqu’au bout du processus législatif ?

 

Je pense que c’est plus que de la musculation. Il y a quand même une idée derrière, celle d’introduire progressivement la notion de banalisation de l’amnistie, ce qui est très grave. Malheureusement, c’est une évolution. L’Europe est malade et la Flandre aussi. Les extrémistes instillent leur idéologie dans toute la population. La N-VA paraît plus respectable que le VB, mais elle est encore plus dangereuse. Pourquoi ? Parce que justement, derrière elle, se trouvent tous les industriels (avec le Voka). Il y a un courant populiste qui joue sur l’ultralibéralisme et sur le nationalisme. Ils ont le vent en poupe, tous les partis reprennent ce substrat et, au fond, ce dossier-ci n’est que le reflet de cette situation. C’est une forme de lâcheté mais pas uniquement, Hannah Arendt l’a suffisamment souligné. Ce qui est très grave également, c’est qu’on parle de "vermeende collaboratie", de collaboration supposée. Quant à la banalisation, comment peut-on mettre la résistance et la collaboration sur le même pied ? Et ce qui est encore pire, c’est que, finalement, on fait l’éloge de la collaboration et on place les collaborateurs dans une position de victimisation. Quand on prend en considération le contexte dans lequel se trouve le pays, qui est abandonné aux extrémistes et aux nationalistes, c’est parfaitement scandaleux et tout à fait offensant envers les résistants et les déportés. Je trouve cela hypocrite, lâche et, comme disait feu le docteur Wynen, "le courageux inintelligent va d’habitude plus loin que l’intelligent quand il est lâche". On peut vraiment appliquer cela aux politiciens actuels.

 

Le SP.A s’est justifié en disant que le vote ne porte pas sur le contenu mais sur le fait que l’on puisse en débattre.

 

Voilà une proposition, introduite par un parti fasciste. Je trouve tout à fait scandaleux de discuter d’un texte qui est pro-nazi. C’est l’alibi du soi-disant débat de l’"overlegcultuur" en Flandre où, justement, on n’est pas capable de faire des débats. En fait, tout le monde a peur de la N-VA et veut être le bon Flamand. Finalement, c’est assez triste parce qu’on va dire qu’il n’y a plus que les Groenen, les ultragauchistes, qui sont contre. Et c’est d’autant plus triste que l’on va considérer cela comme un clivage gauche-droite.

 

Symboliquement, cela n’opposerait-il pas de nouveau les Flamands aux francophones?

 

Je crois que ce n’est pas uniquement un problème de Flamands et de francophones, mais, malheureusement, un paradigme nationaliste. Disons que le Vlaams Belang a fait son oeuvre. Il y a longtemps que l’on devrait l’avoir compris.

 

L’association “Présence juive pour la mémoire” veut notamment rappeler que “sans demande de pardon, il n’y a pas de pardon”.

 

Ce n’est pas uniquement le problème du pardon. Ces gens n’ont pas changé. Au contraire, ils veulent effacer leur passé, on veut brouiller les pistes. On veut obtenir le fait qu’ils étaient de bons Flamands qui ont fait leur devoir. C’est honteux. C’est aussi une gifle à tous les résistants et il y en a eu!

 

Entretien: M.-A.G.

 

Une seule voix